C’est la fin d’une longue bataille pour la NCAA. Les universités américaines pourront désormais rémunérer directement leurs étudiants-athlètes, marquant le début d’une nouvelle ère pour le sport universitaire, grâce à un accord judiciaire de plusieurs milliards de dollars officiellement validé ce vendredi.
La juge Claudia Wilken a approuvé le règlement conclu entre la NCAA, ses conférences les plus influentes et les avocats représentant tous les athlètes de Division I. La NCAA met fin à trois procès antitrust fédéraux, tous accusant la NCAA de restreindre illégalement les revenus potentiels des étudiants-athlètes.
La décision, très attendue, survient à moins d’un mois de la date prévue (1er juillet) pour les premiers versements aux athlètes. Si les dirigeants du sport universitaire préparaient déjà cette transformation historique, le calendrier serré les oblige à mettre rapidement en place les structures nécessaires pour appliquer les nouvelles règles.
L’accord prévoit près de 2,8 milliards de dollars de compensations versées sur dix ans aux anciens athlètes ayant joué entre 2016 et aujourd’hui. Par ailleurs, chaque université pourra, dès la saison 2025-2026, verser jusqu’à environ 20,5 millions de dollars par an à ses athlètes, en plus des bourses et avantages déjà existants. Ce plafond augmentera progressivement au fil de la décennie.
Ce changement majeur remet profondément en question les principes traditionnels de l’amateurisme dans le sport universitaire américain. Depuis 2021, les athlètes peuvent déjà toucher de l’argent grâce à leur nom, image et ressemblance (NIL). Des collectifs de donateurs s’étaient alors formés pour rémunérer les joueurs, en particulier dans le football et le basketball. Désormais, ces fonds proviendront directement des départements sportifs universitaires.
« C’est historique », a déclaré à ESPN Sedona Prince, ancienne star du basketball universitaire et co-plaignante dans l’un des procès. « Cela paraissait fou à l’époque, mais ce combat va changer la vie de millions de personnes. »
Cependant, cet accord ne mettra pas fin à toutes les batailles judiciaires. Des questions cruciales restent ouvertes, notamment celle de savoir si les athlètes devraient être considérés comme des employés, ou encore la durée pendant laquelle un étudiant peut participer à une équipe universitaire.
Le président de la NCAA, Charlie Baker, espère que cet accord permettra de mieux encadrer un marché devenu incontrôlable. Il appelle aussi le Congrès américain à légiférer pour empêcher que les athlètes ne soient reconnus comme salariés et pour accorder à la NCAA une exemption antitrust qui lui permettrait d’imposer des plafonds de salaires ou de transferts.
Pour superviser cette nouvelle ère, les conférences majeures ont lancé une nouvelle instance de régulation : la College Sports Commission, qui prend le relais de la NCAA sur le plan de l’application des règles. Cette dernière a nommé Bryan Seeley (MLB), comme PDG. Seeley sera chargé de former les équipes d’enquête et de veiller au respect des nouvelles règles, notamment sur le partage des revenus, les contrats NIL et les effectifs.
« C’est un terrain inconnu pour tout le monde », a écrit Charlie Baker. « C’est une occasion rare de transformer en profondeur notre organisation. Nous devons la saisir. »
Enfin, la juge Wilken avait initialement refusé d’approuver l’accord en avril à cause d’une clause sur les effectifs risquant d’exclure des milliers d’athlètes. Ce point a été renégocié pour garantir qu’aucun athlète ne perde sa place uniquement à cause des nouvelles règles.
L’accord donne aux universités le pouvoir d’instaurer de nouvelles règles visant à limiter l’influence des donateurs et des collectifs. Dès cet été, tout contrat entre un donateur et un athlète devra répondre à un « objectif commercial légitime », et non servir d’incitation au recrutement.
Toutefois, plusieurs observateurs doutent de l’efficacité de ces limitations pour préserver l’équilibre compétitif. Beaucoup craignent que cela ne déclenche encore de nouveaux recours en justice…
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