La Formule 1 est un sport où le danger est omniprésent. Les courses de monoplaces sont parmi les plus effrayantes qui soient, compte tenu du peu de protection qui entoure les pilotes.
Malgré de nombreuses mesures de sécurité mises en œuvre, les voitures restent vulnérables en cas de gros crash ou d’incendie. Aujourd’hui, les règlements sont bien plus stricts : les équipes ne peuvent plus modifier leurs voitures au détriment de la sécurité.
Le dernier décès en Formule 1 remonte à 2014, lorsque Jules Bianchi a tragiquement succombé à ses blessures après son accident au Grand Prix du Japon. Ce drame a marqué un tournant décisif pour la sécurité dans le sport. L’introduction du Halo a ensuite permis de sauver plusieurs vies.
Mais avant l’accident de Bianchi, la Formule 1 avait déjà connu l’une de ses pires tragédies lors du GP d’Imola 1994, qui a coûté la vie à deux pilotes en un seul week-end. Un événement parmi les plus sombres et émotionnels de l’histoire de la F1.
Le circuit Autodromo Enzo e Dino Ferrari, mieux connu sous le nom d’Imola, est réputé pour sa dangerosité. Le virage de Tamburello est notamment tristement célèbre. Ce week-end-là était déjà tendu en raison de l’utilisation du système de « launch control » par les trois meilleures écuries. La F1 a demandé à Benetton, McLaren et Ferrari de renoncer à ce système, mais personne ne s’attendait à ce qui allait suivre.
Dès le vendredi, Rubens Barrichello a été victime d’un terrible accident au virage Variante Bassa à plus de 225 km/h. L’impact a généré une force de 95G. Sa voiture s’est envolée, a effectué plusieurs tonneaux avant de retomber à l’envers. Ayrton Senna, très affecté, est resté à ses côtés jusqu’à ce qu’il reprenne connaissance.
Selon Damon Hill, alors pilote chez Williams :
« Nous avons repris la séance de qualifications, convaincus que nos voitures étaient robustes comme des chars. »
Mais Hill s’est malheureusement trompé. Le samedi, lors des qualifications, Roland Ratzenberger, jeune pilote chez Simtek, a percuté le mur au virage Villeneuve à cause d’un aileron avant défectueux. La cellule de survie de la voiture a en partie résisté, mais l’impact à 300 km/h a provoqué une fracture de la base du crâne. Il s’agit du choc le plus violent jamais enregistré en F1 avec une force de 500G. Ratzenberger est mort sur le coup.
Le GP d’Imola 1994 semblait maudit. Dès le départ de la course, le drame a continué. JJ Lehto a calé sur la grille et Pedro Lamy a percuté l’arrière de sa Benetton. Si Lamy est sorti indemne, les débris ont blessé des spectateurs et des policiers.
Profondément marqué par la mort de Ratzenberger, Ayrton Senna était en larmes, réconforté par le médecin en chef Sid Watkins, qui lui a conseillé de ne pas courir. Mais Senna a décidé de prendre le départ. Il avait même prévu de brandir un drapeau autrichien en hommage à Ratzenberger s’il remportait la course.
Le dimanche, Senna s’est élancé en pole position, mais il peinait avec sa Williams depuis le début de la saison. Derrière lui, Michael Schumacher le talonnait. En défendant sa position dans le virage Tamburello à 305 km/h, Senna a perdu le contrôle — sa direction n’a pas répondu. Le choc a été fatal. Senna a subi de graves blessures à la tête. Transporté en urgence à l’hôpital, il a été déclaré mort deux heures après l’accident.
Sur le podium, le paddock tout entier était en deuil pour Roland Ratzenberger. Aucun champagne n’a été ouvert en hommage aux disparus.
Dans les mots de Michael Schumacher (accusé de tricherie à cause du contrôle de traction utilisé par Benetton) :
« Je ne peux pas me sentir satisfait, je ne peux pas être heureux. »