Il y a quelque chose chez Anthony Volpe qui donne envie d’y croire.
Peut-être ses origines new-yorkaises. Peut-être sa manière de jouer – tête baissée, toujours à fond, disant ce qu’il faut. Peut-être simplement cette idée romantique : le gamin local, fan des Yankees, qui a rencontré Derek Jeter, comparé à lui, devient le titulaire à l’arrêt-court et ramène l’équipe vers la terre promise.
Et puis arrive un moment, comme dimanche soir. Match à égalité, fin de septième manche, les bases sont pleines. Et Anthony Volpe… se fait retirer sur des prises. Une autre opportunité gâchée. Une autre occasion qui s’échappe.
Et soudain, on se demande à nouveau : est-ce vraiment l’année où il va tout mettre bout à bout ? Ou est-ce encore la même discussion qu’on a depuis trois saisons ? Volpe avait une compte de 3-0 avec les bases pleines. Il a pris une prise. Puis il a tenté de frapper une balle quatre, puis une balle cinq, puis une balle six. L’apparition au bâton s’est effondrée… tout comme la manche.
Une manche plus tôt, même situation : bases pleines, et Volpe frappe une faible balle au sol. Encore une occasion manquée, peut-être celle qui aurait pu coûter la Subway Series.
Les Yankees ont misé gros sur Volpe dès le départ. Ils lui ont confié le poste de titulaire à l’arrêt-court dès le camp d’entraînement 2023, ont écarté Oswald Peraza, et ont clairement dit : c’est notre homme. Et pour être juste, il leur a donné de quoi justifier cette confiance. Un Gant doré dès sa saison rookie. Des éclairs de puissance. Une attitude irréprochable dans le vestiaire.
Mais nous sommes en 2025. Il approche les 1 500 passages au bâton. À un moment, la question n’est plus « quand explosera-t-il ? », mais bien « est-ce que c’est simplement ce qu’il est ? »
Et soyons clairs : ce n’est pas une critique. Volpe n’est pas un échec. Il n’est même pas mauvais. Il est juste… pas exactement ce qu’on espérait. Du moins, pas encore.
Et pourtant, parce que les Yankees ont autant investi sur lui, ils se retrouvent dans une situation délicate. Dans une autre franchise, on louerait son gant et on suivrait sans pression l’évolution de sa batte. Mais Volpe est le visage de cette génération de prospects Yankees. Traité comme un futur pilier dès l’adolescence. Ce genre de marketing rend les discussions honnêtes plus difficiles quand tout ne se passe pas comme prévu.
À son crédit, Volpe réalise sa meilleure saison offensive jusqu’ici. Il affiche une ligne de .235/.323/.422 avec une OPS de .745. Il est en bonne voie pour égaler son total de home runs de sa saison rookie (21), et les statistiques avancées montrent une véritable progression.
Il totalise plus de but sur balle, son taux est à 11,5 %, presque le double de l’an passé. Son taux de poursuite est parmi les meilleurs de la ligue (93e percentile), ce qui montre qu’il laisse passer des lancers sur lesquels il se jetait avant (même si pas toujours). Cela se traduit aussi dans son taux de « barrel », à 10,6 % contre seulement 3,3 % en 2024. Il frappe plus fort, plus souvent dans le bon angle, et semble plus serein au marbre.
Même quand la batte ne suit pas, le gant reste là. Volpe a déjà sauvé quatre points en défense cette saison. Les métriques ne sont pas parfaites (outs above average à -1), mais son instinct, sa portée, sa fluidité sont toujours présents. Il reste l’un des meilleurs arrêt-courts défensifs de la ligue.
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Si c’est là son plancher, il est honorable. Mais ce n’est pas le plafond qu’on nous avait promis.
Volpe n’a que 24 ans. Pris isolément, c’est un jeune arrêt-court en progression, avec de bons outils et une belle marge de développement. Mais rien n’a jamais été “isolé” avec lui. Les Yankees l’ont présenté comme le futur visage de la franchise avant même qu’il ne joue un seul match en MLB.
Et aujourd’hui ? Les fans attendent toujours ce moment décisif. Mais des soirées comme celle de dimanche compliquent la foi. Car même si les chiffres s’améliorent, les problèmes persistent. Il continue à chasser les mauvaises balles sous pression. On peut toujours le piéger avec de bons enchaînements de lancers. Et il semble encore mal à l’aise dans les grands moments.
Et peut-être que c’est normal. Peut-être qu’il lui faut plus de temps. Peut-être qu’il explosera tardivement. Le développement au baseball n’est jamais linéaire, on le sait. On l’a déjà vu. Mais que se passe-t-il quand la patience rencontre la réalité ? Quand “laisse-lui du temps” devient “encore combien de temps ?” Et si c’était juste… ce qu’il est ? Un bon arrêt-court, certes. Mais pas celui-là.
Personne ne veut voir Anthony Volpe réussir plus que les fans des Yankees. Tout le monde veut voir ce gamin gagner. Mais il ne facilite pas la tâche – ni aux fans, ni à la direction, ni à lui-même. Il progresse, c’est indéniable, mais les moments clés lui échappent encore.
Alors on en revient là. À se demander une nouvelle fois ce qu’on doit penser de lui. Les indicateurs sont positifs. Peut-être que l’explosion arrivera cette saison. Peut-être que c’est simplement une lente ascension vers quelque chose de plus grand. Ou peut-être que c’est ce qui arrive quand une franchise tombe amoureuse d’une idée avant que le joueur soit prêt à l’incarner.
Le temps le dira. Mais pour l’instant, on attend encore. Sera-ce enfin son année décisive ? Ou juste un nouveau chapitre dans une histoire construite davantage sur l’espoir que sur les résultats ?
Credit Photo: Cary Edmondson-Imagn Images