L’avenir contractuel de Nick Sirianni dépend du Super Bowl LIX.
Tout à perdre… et des millions à gagner
Nick Sirianni joue gros—et pourrait décrocher le jackpot. Alors qu’il entre dans la dernière année de son contrat en 2025, l’entraîneur-chef des Philadelphia Eagles n’est plus qu’à une victoire de solidifier sa réputation et de négocier un salaire à la hauteur de son succès.
Un triomphe face aux Kansas City Chiefs lors du Super Bowl LIX ne se limite plus à son héritage : c’est une opportunité de s’imposer parmi l’élite, tant en reconnaissance qu’en dollars sonnants et trébuchants.
Actuellement, Sirianni touche 7 millions de dollars par an—un des salaires les plus bas pour un entraîneur en NFL, malgré un impressionnant bilan de 48 victoires pour 20 défaites et deux apparitions au Super Bowl en quatre saisons.
Des entraîneurs novices comme Ben Johnson des Chicago Bears ont déjà relevé la barre avec des contrats atteignant 13 millions de dollars par saison. Si Sirianni mène les Eagles à la victoire dimanche, son prix explose instantanément. Et pourquoi pas ? Il a toutes les raisons d’exiger un salaire équivalent à celui des meilleurs techniciens de la ligue.
Mais ne vous méprenez pas—dimanche ne se résume pas à Sirianni. L’ensemble du roster des Eagles, y compris le quarterback Jalen Hurts et le receveur DeVonta Smith, joue gros dans cette finale.
Les Eagles ont déjà marqué l’histoire en développant leur effectif en interne. Neuf des onze titulaires défensifs, dont Jordan Davis et Nakobe Dean, sont issus de la draft. En attaque, des linemen comme Lane Johnson et Landon Dickerson, ainsi que des stars comme Dallas Goedert et DeVonta Smith, ont tous été sélectionnés par Philadelphie.
Cette équipe n’a rien d’un outsider, contrairement à l’escouade de 2017 qui avait créé la surprise. Il s’agit d’une potentielle dynastie en construction. Une victoire offrirait à Sirianni un poids énorme dans les négociations contractuelles. Le PDG des Eagles, Jeffrey Lurie, ne tarit pas d’éloges à son sujet : « Il a fait un travail phénoménal… Son avenir s’annonce radieux. »
Mais les critiques restent vives. Les frasques de Sirianni—son crâne rasé en pleine saison, ses altercations avec les fans—ont fait les gros titres. Certains l’ont même comparé à Britney Spears en pleine crise de 2007. Malgré ses 14 victoires en saison régulière, des sceptiques affirment qu’il profite simplement du talent de son effectif. Battre Andy Reid, l’homme qui l’a licencié par le passé, ferait définitivement taire ces doutes.
Une défaite, en revanche ? Le discours changerait. Sirianni entendrait qu’il ne peut pas gagner sans ses anciens coordinateurs. Son leadership serait remis en cause. Une mauvaise saison et les contrats à 10-13 millions de dollars pourraient s’éloigner.
Jalen Hurts subit une pression énorme. Malgré deux qualifications consécutives en playoffs, ses détracteurs le réduisent à un « game manager ». Ils estiment que le GM des Eagles, Howie Roseman, lui a offert les clés du succès sur un plateau : la meilleure défense de la ligue, un duo de receveurs dévastateur avec DeVonta Smith et AJ Brown, et une ligne offensive d’élite. S’il échoue avec un tel effectif, on se demandera s’il pourra un jour aller au bout.
Nick Sirianni partage ce fardeau. Son succès et l’ascension de Hurts sont étroitement liés. Les critiques les opposent constamment : soit Sirianni gagne grâce à Hurts, soit Hurts brille grâce à Sirianni. Rares sont ceux qui leur accordent un mérite mutuel.
DeVonta Smith, lui, peut entrer dans l’histoire. Avec une seule réception lors du Super Bowl, il deviendrait le premier vainqueur du trophée Heisman à attraper un ballon dans le grand match. Une victoire le placerait aussi dans un club très fermé : il ne serait que le cinquième joueur à remporter un Heisman, un championnat universitaire et un Super Bowl.
Au-delà des enjeux individuels, de nombreux contrats sont en jeu des deux côtés. Chez les Eagles, Zack Baun, Josh Sweat et Mekhi Becton sont en année de contrat. Du côté des Chiefs, Trey Smith, Nick Bolton et DeAndre Hopkins sont dans la même situation. Briller sur la plus grande scène du football américain peut faire exploser leur valeur sur le marché des agents libres.
Gagner un Super Bowl ne sert pas qu’à flatter l’ego—cela garantit un avenir sur le long terme.
L’exemple parfait : les Kansas City Chiefs. Après leur victoire la saison passée, ils ont prolongé Andy Reid jusqu’en 2029, faisant de lui l’entraîneur le mieux payé de la ligue. Ils ont également sécurisé leur GM Brett Veach et leur président Mark Donovan pour la même période.
Les Eagles le savent.
Ils ne laisseront pas Sirianni entamer la dernière année de son contrat sans extension. Les Dallas Cowboys ont tenté ce pari avec Mike McCarthy la saison dernière, et cela s’est transformé en distraction permanente. Philadelphie ne peut pas se permettre un tel cirque médiatique.
Voici ce qui est en jeu : la légitimité de Sirianni, la capacité de Jalen Hurts à prouver qu’il est un quarterback de franchise, et l’avenir de plusieurs agents libres clés. Une victoire change tout. Une défaite soulève des questions inconfortables.
Le Super Bowl LIX ne se résume pas à soulever le trophée. Il s’agit de savoir qui détiendra le pouvoir une fois que les confettis seront retombés. Nick Sirianni pourrait s’imposer définitivement parmi l’élite de la NFL… ou passer l’intersaison à prouver qu’il n’est pas un simple feu de paille.
Credit Photo: Stephen Lew-Imagn Images