Le retour de Sammy Sosa avec les Cubs, après des années d’absence, soulève une question délicate : peut-on vraiment pardonner un joueur d
ont la carrière a été marquée par des scandales de dopage et d’utilisation de « corked bat »? Si son impact historique sur l’équipe de Chicago et son rôle clé dans la fameuse course aux home runs de 1998 restent indéniables, l’éthique de sa réintégration soulève des interrogations.
Sammy Sosa issued a statement apologizing to the Chicago Cubs and their fans in an effort to rebuild a relationship with both ✍️ pic.twitter.com/bUOqYdEXxK
— Yahoo Sports (@YahooSports) December 19, 2024
Sosa n’était pas un cas isolé dans une époque trouble pour la MLB. La fin des années 90 et le début des années 2000 ont été dominées par la fameuse « course aux home runs » entre Mark McGwire et Sammy Sosa, avec pour toile de fond une ligue qui, à l’époque, fermait les yeux sur les excès de ses stars. Le dopage, bien que non officiellement reconnu à l’époque, était omniprésent, et la Major League Baseball, dans une situation de perte de popularité, a joué un rôle complice dans l’acceptation de ces dérives.
Slammin’ Sammy Sosa was so fun to watch 🤩 pic.twitter.com/P3yZyFpaYl
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L’essor des « power hitters » dans cette période a été perçu comme un moyen de redonner de la gloire à une ligue en crise. La quête du record de Roger Maris, battu par McGwire avec 70 home runs en 1998, a offert à la MLB une visibilité médiatique qu’elle peinait à retrouver après le lock-out de 1994. Mais derrière ces exploits, l’histoire du dopage, bien que non officiellement reconnue par la MLB à l’époque, était loin d’être un secret pour ceux qui suivaient de près le sport.
Il est facile de comprendre que dans un contexte aussi compétitif et dans un environnement où les attentes sont énormes, Sosa ait pris des mesures extrêmes pour maintenir son niveau de performance. Cependant, cela n’excuse en rien ses choix. Le recours aux stéroïdes et l’utilisation de battes trafiquées (un acte de tricherie encore plus visible) soulignent des comportements qui vont au-delà d’une simple recherche de performance physique. Ils posent la question de l’intégrité et de la responsabilité d’un joueur professionnel, surtout lorsqu’il sait que ses actions auront des répercussions non seulement sur son propre corps mais aussi sur l’ensemble du sport.
En outre, l’argument de « récupérer de blessures » semble fragile quand on considère que l’usage de stéroïdes peut avoir des effets dévastateurs à long terme, à la fois sur la santé du joueur et sur la crédibilité du sport. Comment accepter qu’un joueur, même talentueux, poursuive une carrière sous l’ombre de la tricherie, sachant que cela met en péril l’éthique même du jeu ?
À une époque où les recettes étaient en jeu et où le sport semblait presque se réinventer par la quête du spectacle, la MLB a fait preuve d’une étonnante indulgence envers les dérives de ses stars. Les cas de dopage n’étaient pas pris au sérieux et la ligue semblait plus intéressée par la popularité grandissante de ses joueurs que par les moyens employés pour y parvenir. Cette forme de complicité tacite a permis à des joueurs comme Sosa de continuer à briller, malgré des pratiques contraires à l’éthique du sport.
En réintégrant Sosa aujourd’hui, les Cubs, et plus largement la MLB, semblent vouloir tourner la page. Cependant, faut-il réellement oublier un passé aussi problématique ? Si la nostalgie des fans et l’aspect marketing sont des raisons valables pour justifier ce retour, l’aspect moral semble toujours faire défaut.
L’annonce de son rapprochement avec les Cubs, accompagnée de ses excuses publiques, semble être un geste de réconciliation après des années de tension, en grande partie dues à son implication dans la « Steroïd era » et au manque de transparence qui en a découlé. Ce retour n’est pas seulement une décision sportive mais aussi une manœuvre stratégique, car la Sosa reste une véritable légende en termes de marketing pour le club, particulièrement en ce qui concerne l’attachement des fans.
Il est intéressant de noter que dans ses excuses, Sosa ne mentionne pas explicitement les stéroïdes, préférant parler de « erreurs » commises pour maintenir sa forme physique et sa performance au cours de sa carrière. Cela évite de raviver les polémiques, tout en laissant entendre que la vérité derrière son succès est un sujet encore délicat.
Statement from Executive Chairman Tom Ricketts on Sammy Sosa: pic.twitter.com/3iVphqhbHa
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Cela soulève plusieurs questions :
peut-on vraiment « pardonner » à une figure aussi controversée, ou est-ce simplement un coup médiatique pour raviver l’enthousiasme des fans et les bénéfices financiers qui en découleraient ?
Le débat sur la réhabilitation des joueurs de l’ère des stéroïdes dans le sport, et notamment dans le Hall of Fame, est loin d’être tranché, et Sosa, malgré son impressionnante carrière, reste une figure qui divise.
L’acceptation de Sosa par les Cubs semble plus liée à son impact historique et à sa capacité à vendre des billets qu’à une réelle volonté de le réhabiliter moralement. Son retour pourrait offrir un mélange de nostalgie et de cynisme, mais il est aussi possible que, cela marque la fin d’une histoire qui n’a que trop duré.